Tuesday, October 04, 2005

L'édito du jour



Paroles, paroles… (6 octobre 2005)
(illustration Claude Dawance)

On parle de revalorisation des généralistes depuis bien longtemps et tous les responsables du système de soins, de quelque bord qu’ils soient, jurent depuis des années qu’ils s’attelleront dans les plus brefs délais à faire de cette revalorisation un point essentiel de leur programme. Mais hormis quelques adaptations des honoraires, bien réelles mais largement insuffisantes, le généraliste de la base, tel Sœur Anne, ne voit rien venir.
Le médecin de famille reste le maillon le plus négligé dans la chaîne des soins de santé. Souvent méprisé par ceux-là mêmes qui le forment avant le post-graduat, régulièrement porté aux nues dans les discours des responsables politiques, mais concrètement souvent abandonné à son triste sort, plus qu’à son tour court-circuité dans les trajectoires de soins telles qu’elles se déroulent sur le terrain, le généraliste a le blues.
Nous avons déjà souligné dans un texte précédent (lire éditorial du 4 octobre 2005) que la chose ne peut être que néfaste en termes de santé publique, mais en l’absence d’un véritable aggiornamento, la situation ne va faire que s’aggraver. Nous soulignions déjà à quel point on trouve de moins de moins de médecins diplômés, aussi bien en Belgique qu’en France, prêts à se lancer dans l’aventure de la médecine générale. Un constat que l’absence de mesures de redressement, ne va faire qu’aggraver.
Nous ne plaidons pas ici pour un échelonnement (ni contre d’ailleurs), mesure discutée ne faisant pas l'unanimité sur le terrain et par rapport à laquelle il appartient à chacun de se définir, mais il convient de façon de plus en plus urgente de redresser la barre. Jusque dans les mentalités, en cessant de considérer l’option médecine générale comme un indiscutable deuxième ou troisième choix à laisser aux étudiants les moins brillants.
Car ce n’est pas le niveau de la médecine de pointe qui détermine la qualité d’un système de soins, sans quoi la médecine américaine devrait unanimement être considérée comme la meilleure au monde, ce qu’elle est très loin d’être pour le citoyen moyen des Etats-Unis.


Le blues des médecins et la qualité des soins (4 octobre 2005)

Nous le disions depuis longtemps dans d’autres colonnes, mais l’état de démoralisation des médecins et, au-delà, des professions médicales et paramédicales, loin d’être un problème purement professionnel, est devenu un véritable problème de santé publique. Le fait que la grande majorité des médecins, en particulier, soient à ce point sujets au blues, ne peut logiquement qu’avoir des répercussions négatives sur la santé de nos concitoyens.
Et c’est ce que nous démontre, a contrario et de façon certes indirecte mais parfaitement tangible, une étude américaine dont les résultats ont été communiqués la semaine dernière lors d’une conférence tenue à Chicago et co-organisée par l’American Medical Association et que rapporte Modern Physician.
Cette étude montre en effet que garantir la satisfaction au travail du personnel hospitalier est une manière efficace d’améliorer la satisfaction aussi bien que la sécurité des patients. Une stratégie efficace d’amélioration de la qualité des soins passe notamment par des mesures qui donnent à chaque membre de l’équipe soignante l’impression qu’il «compte», soulignent les auteurs.
Ce qui est vrai pour le milieu hospitalier le serait-il moins pour la médecine de ville? Une des façons de contribuer à garantir des soins optimaux aux patients n’est-elle pas de veiller à ce que les médecins qui ont en charge leur santé se sentent revalorisés (sur le plan financier, mais pas seulement sur celui-là)?
Il est impensable que les responsables de la santé publique continuent à ignorer, comme ils l’ont largement fait jusqu’ici, l’évidence qui lieu la qualité des soins à la motivation de ceux qui les donnent.

Maurice Einhorn

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